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La saga Wizzz ! continue avec une nouvelle sélection de raretés 60’s/70’s, glanées dans les recoins inexplorés de la galaxie pop francophone. Stars, seconds couteaux et inconnu(e)s se côtoient dans ce nouveau volume acidulé. Partons en croisière sonore à travers la nuit étoilée des late sixties.
Abdelwahab Doukkali, de son vrai nom Al Awni Bouarane, naît le 1er janvier 1941 à Fès, Maroc. Attiré dès le plus jeune âge par la sphère artistique, il s’intéresse au théâtre, au dessin et à la peinture avant de commencer à chanter à Casablanca au début des années 60. En 1962, il quitte le Maroc pour s’installer au Caire, où sa renommée prend son essor. Auteur, compositeur, interprète récompensé par de nombreuses décorations honorifiques de portée internationale, il est devenu au fil des décennies l’une des plus immenses figures de la musique moyen-orientale.
Son répertoire majoritairement traditionnel occupe les sillons d’une vingtaine d’albums et d’une trentaine de 45 tours, et recèle quelques étonnantes pépites mêlant sa sensibilité orientale aux rythmes et harmonies rock de l’occident : une poignée de twists au début des sixties et surtout ce petit trésor interprété en français paru sur Philips en 1967 : Je Suis Jaloux. Ce titre, enregistré selon le chanteur « à titre de curiosité », semble un OVNI dans la discographie du maître, qui fera part de ses regrets de n’avoir fait plus ample carrière en France, lors d’une interview pour le quotidien Aujourd’hui le Maroc en février 2017 : « Un de ces jours, je suis arrivé à Paris et j’ai trouvé les gens en train de danser sur ma propre chanson : Je Suis jaloux. Malheureusement j’ai quitté Paris et c’était une gaffe. La société avec laquelle je travaillais m’a offert toutes les conditions mais comme je suis un fils du soleil et du printemps, j’étais tombé sur une mauvaise période où j’avais attrapé un froid qui a duré et m’a poussé à quitter cette ville dont je rêve toujours ».
Aujourd’hui Abdelwahab Doukkali partage son temps entre la chanson et la peinture, et vit à Casablanca.
Tom est le premier enregistrement solo de François Bernheim : un mid-tempo crépusculaire aux accents Soul réalisé pour les éditions Barclay en 1968. Les arrangements sont réalisés par Jean-Claude Petit, Bernard Estardy assure l’enregistrement tandis que les instruments sont tenus par la fine fleur des musiciens de studio français : Francis Daryzcuren à la basse (présent sur Harley Davidson de Brigitte Bardot, Le Sud de Nino Ferrer…), Marc Chantereau à la batterie (Alexandrie, Alexandra de Claude François, Quelque chose de Tennessee de Johnny Hallyday, Je suis venu te dire que je m’en vais de Serge Gainsbourg…), les six-cordes sont tenues par Sylvano Santorio (chef d’orchestre pour Jacques Brel) et Jean-Pierre Martin (guitariste de scène pour Johnny Hallyday).
Dans le studio CBE de la rue Championnet où se tient la séance, le jeune chanteur est sujet à un trac qui lui permettra de se surpasser lors d’une performance vocale d’une grande intensité.
Pourtant, la carrière musicale de François Bernheim a déjà commencé depuis longtemps : enfant, il intègre les Petits Chanteurs à la Croix de Bois pour lesquels il devient soliste dès l’âge de 10 ans. Sans véritable formation musicale, il commence la guitare en autodidacte à l’âge de 14 ans et s’entraîne comme beaucoup des musiciens de sa génération sur des titres instrumentaux des Shadows ou des Fantômes, puis des Beatles. Il devient ensuite vocaliste et compositeur au sein des Roche-Martin auprès des sœurs Sanson Véronique et Violaine, qu’il a rencontrées alors qu’elles chantaient sur une plage. Le groupe, produit par Michel Berger et Claude-Michel Schönberg, enregistre deux EP’s en 1967 pour le label Odeon.
Après le EP Tom, François Bernheim réalise un deuxième EP contenant Miami-Beach, une autre réussite au parfum onirique cette fois, puis se consacre à la direction artistique et à la découverte de talents. Toujours étudiant en droit, il décide de cacher son identité sous le pseudonyme de Gilles Péram, craignant qu’une fois devenu avocat, ses activités musicales ne le décrédibilisent. C’est donc sous ce nouveau nom qu’il lance les Poppys sous l’impulsion d’Eddie Barclay, avec les succès Noël 70 ou Non, non, rien n’a changé.
Au cours de sa carrière, François Bernheim/Gilles Péram a enregistré sept albums et une vingtaine de singles, travaillé avec Esther Galil, Renaud, Louis Chedid, Patricia Kaas, Marie Laforêt, Brigitte Bardot, Nicoletta, Marc Lavoine, Carlos, Serge Reggiani, Richard Cocciante, Gérard Lenormand, Pierre Richard, Guillaume Depardieu, Elizabeth Depardieu, Gérard Depardieu ou Chimène Badi… il a fait l’acteur, signé de nombreuses musiques de pub (Cachou Lajaunie, Carte Kiwi, Malabar, Club Med, Mini Mir… ) et a même été chanté par Kayne West (la chanson Power). Aujourd’hui, ce caméléon des variétés made in France travaille avec la comédienne Sandrine Sarroche ou encore avec la chanteuse Dani.
Michel Handson signe cette face B aux accents hip-hop en 1973 pour le label Butterfly. Les arrangements sont assurés par les Costa (responsables d’une dizaine de singles entre 1967 et 1987) et par Gabriel Yared, prolifique compositeur de musiques de films (Scout Toujours, 37°2 le Matin, L’Amant… ). Avant de rejoindre l’anonymat, Michel Handson enregistre encore deux 45 tours dont L’Heure du slow traditionnel en 1978, langoureuse pantalonnade appréciée des amateurs de kitscheries salées.
« Il est défendu d’aller toute nue dans les avenues, Boeing ! ». Issue de son unique 45 tours, cette ode à la liberté et à l’aviation est enregistrée par la suédoise Matty Kemer pour le label Disque d’Or. Le texte n’est pas signé par un inconnu puisqu’il s’agit d’Ezra Bouskéla, membre des mythiques Zorgones (comptant de futurs membres de Magma dont Zabu, ou Dynastie Crisis) et parolier pour Johnny Hallyday (Rendez-moi le soleil, Le monde entier va sauter, Dans ton univers) ou Herbert Léonard (L’oiseau d’argent). Véritable beatnik à la française, Ezra partira en Inde peu après des débuts prometteurs, abandonnant tous ses projets musicaux, dont une collaboration avec Jacques Lanzmann orchestrée par Lee Hallyday. Ce voyage (réalisé en bus et pas en Boeing !) fait l’objet du trépidant livre autobiographique Shambo.
Pianiste et guitariste, Gilles Janeyrand subit deux chocs scéniques dès le plus jeune âge : les adieux de Jacques Brel à l’Olympia en 1964, puis les Beatles au Palais des Sports en 1965. A l’issue de ce dernier concert, il sait ce qu’il veut faire de sa vie : chanteur. Quelques années plus tard, un ami amène à Gilles une petite annonce parue dans France Soir : Robert Stigwood, producteur des Bee Gees, des Who et de Cream, cherche à produire des artistes français pour son label RSO. Gilles Janeyrand répond à l’annonce et passe une audition aux studios Polydor où il rencontre Claude Ebrard, responsable de RSO France. Gilles interprète quatre chansons à la guitare dont Amour 2000 et Filles 2000, deux compositions de Gilles sur des textes écrits par des amis. Claude Ebrard décide d’enregistrer ces deux titres avec l’arrangeur Jean-Claude Petit, et propose d’utiliser des flûtes en référence à Jacques Dutronc qui vient de réaliser Il est cinq heures, Paris s’éveille. L’enregistrement a lieu en 1969 au Studio des Dames. Gilles se souvient : « Il y avait 25 musiciens autour de moi, et je trouvais ça normal ! J’avais 18 ans et je voyais le métier de chanteur de variétés comme ça ».
Pour la signature du contrat, Robert Stigwood envoie une Jaguar avec un photographe et un éditeur chercher Gilles qui vit toujours chez ses parents. Ils se rendent aux bureaux RSO situés près du Théâtre des Champs Élysées, et descendent de voiture quand apparait Jacques Brel, sortant du théâtre où il répète son spectacle L’Homme de la Mancha. Jacques Brel connaît déjà le photographe et l’éditeur qui sortent de voiture, mais pas encore Gilles qui lui est alors présenté. En apprenant que Gilles vient signer son premier contrat d’enregistrement, Jacques Brel lui adresse un « Bon courage » qu’il retiendra toute sa vie.Le choix de la face A se fait sans véritable concertation, Gilles laissant la production décider. Filles 2000 devient alors la face B du 45 tours. Gilles promotionne Amour 2000 à la télévision, dans l’émission de Michel Drucker qui l’invitera à de nombreuses occasions dans ses émissions au cours des années 70. Le disque connaît un succès d’estime en radio mais se vend peu.
En 1974 est enregistré un LP aux studios Ferber avec des musiciens du chanteur Christophe. Ce disque produit par St Preux pour Heloïse Music bénéficie d’une production assez importante : l’équipe reste en studio plus d’un mois, s’offrant parfois le luxe de ne pas travailler des journées entières, préférant se rendre au bar le plus proche. Gilles bénéficie d’une liberté artistique totale : Saint Preux, qui vit avec des léopards, passe ses après-midi au cinéma plutôt que derrière la console. L’époque est à l’hédonisme, et Gilles adopte un mode de vie psychédélique. Certains titres de l’album évoquent l’univers du premier 45 tours : Les martiens et La fleur magique (dont il existe une version courte originellement destinée à un 45 tours qui n’a jamais vu le jour, sans doute perdue dans les archives d’Heloïse Music). C’est dans l’ensemble une belle pièce montée dans le style progressif flamboyant du milieu des années 70.
De nombreux 45 tours paraissent jusqu’au milieu des années 80, dont Je suis un passant connaît un certain succès. Mais le gros tube n’arrive pas et Gilles Janeyrand se tourne peu à peu vers le théâtre, le cinéma et la télévision. Son nom figure au générique de Clara et les chics types (Jacques Monnet, 1981), La vie et rien d’autre (Bertrand Tavernier, 1989), J’accuse (Roman Polanski, 2019) et de dizaines de films et séries télévisées.
Albert-Henri Rykaert alias Alain Ricar naît en 1922 à Charleroi, Belgique. Un jour son père, qui vendait des singes, échange un ouistiti contre un petit accordéon trouvé dans les ruines de Berlin. Il l’offre à son fils. Ce dernier commence par bouder l’instrument, qui refera surface dans sa vie des décennies plus tard.
Camelot, marchand de pierres porte-bonheur, il s’essaye à une vie « normale » avant d’entamer sur le tard une carrière artistique à la fin des années 50. Pour sa première entrée en scène dans un rôle dramatique de beau ténébreux, il déclenche des éclats de rires incontrôlés : Ricar découvre alors malgré lui ce potentiel comique qu’il déclinera tout au long de sa carrière.
Comédien, chanteur, compositeur, il se produit en cabaret ou au théâtre à Paris et en Belgique, puis à la RTB (la télévision belge), notamment dans Les Aventures du Capitaine Long, feuilleton musical dominical de sa création dans lequel il interprète un marin solitaire et chantant, dont le cargo chargé de camembert coule aux abords d’une île déserte…
Suite à la redécouverte de son accordéon d’enfance lors d’une visite au grenier familial, Alain Ricar crée un tour de chant comique, qu’il défend lors de concerts mémorables (première partie de Serge Gainsbourg en 1964, de Johnny Hallyday en 1966). Au cours des années 60, il enregistre cinq 45 tours, dont I like sex constitue l’unique intrusion dans le monde de la pop. Alain Ricar, qui avait écrit quelque part « Je n’ai pas d’âge et cela ne me manque pas trop », est mort en 1998 à l’âge de 92 ans.
Un cigare dans la main droite, un fusil dans la main gauche, les jumelles autour du cou et le sourire carnassier, Paul Dupret nous envoûte avec la face B débonnaire de son unique 45 tours réalisé pour le label Vogue en 1970.
Nino Ferrer, Bernard Estardy et Richard Hertel
Richard Hertel naît à Paris en 1947. Dès l’âge de 7 ans, il est chanteur soliste des Petits Chanteurs à la Croix de Bois, puis il étudie les percussions au Conservatoire de Paris.
En 1966, il crée avec Nino Ferrer et Bernard Estardy les Gottamou, qui enregistrent deux EP’s au studio CBE pour le label Riviera. Il accompagne, par ailleurs, diverses stars de la variété française : Nicoletta, Hugues Aufray, Claude François, Nino Ferrer.
A la fin des années 60, Richard Hertel (surnommé Totoche dans le métier) sort un premier 45 tours sur le label Liberty en tant que chanteur : Patatras Hola, sur lequel il joue aussi la batterie et l’orgue. Groove impeccable, paroles amusées, gimmick atonal : le titre-phare est une réussite mais le disque ne se vend pas et sombre rapidement dans les oubliettes des hit-parades. Un deuxième single est édité pour Liberty : les thèmes du film Chitty chitty bang bang par Richard Hertel and his Orchestra, mais il s’agit d’un disque de commande sans originalité. Richard Hertel devient alors Patcho pour deux singles aux accents funk sortis en 1971 et 1972 sur Atlantic, produits par le compositeur d’avant-garde Igor Wakhévitch.
Ami du batteur Kenny Clark, il découvre l’univers du Jazz qu’il intègre au début des années 70, jouant de la batterie avec Bill Coleman, Joe Newman, Eddie Lockjaw Davis, Guy Lafitte et bien d’autres.
En 1974, il s’installe dans le Gers et se passionne pour la musique traditionnelle occitane. Il devient professeur de percussions au Conservatoire Occitan de Toulouse, et accompagne les chanteuses Martina e Rosina De Peira. Richard Hertel nous a quittés en 2016.
En 1968, Michel Didier apparaît sur la scène française avec la parution simultanée de cinq 45 tours sur le label Fontana. D’un corpus plutôt folk ressort cette reprise flashante de Rainbow chaser du groupe anglais Nirvana, rebaptisé Comme un arc-en-ciel et orchestré par Jean-Claude Vannier dans un déluge d’effets psychédéliques.
Vedette internationale, ou la complainte d’un prisonnier frustré de ne pas être star du show-business, est l’œuvre du mystérieux Liberatore (aucun rapport avec le dessinateur de la bande dessinée RanXerox). Sans doute d’origine belge, cet enregistrement est paru en 1969 sur le label Vogue.
Alain Serco signe un hommage frénétique à son meilleur ami Kiki, sur la face B de son unique 45 tours paru sur la label South Records au début des années 70.
Passionné de poésie, Gérard Gray se décide à chanter suite à la découverte des Fleurs du mal de Charles Baudelaire via Léo Ferré. Dès le milieu des années 60, il chante régulièrement dans les cabarets parisiens (l’Écluse, la Contrescarpe, Chez Georges, Villa d’Este, Chez Monique Morelli…) et partage l’affiche des tournées de vedettes comme Alain Barrière, Pierre Perret, Antoine, Jacques Dutronc ou Claude François.
Le Poisson vert, enregistré en 1970, est créé avec l’ami Frédéric Rochel qui compose tout d’abord la musique dans un esprit « nostalgique, ironique et joyeux ». Ensuite, le duo se lance dans des recherches sonores inspirées des travaux de François de Roubaix, avec qui Gérard Gray et Frédéric Rochel se sont liés d’amitié. Sensibles à l’emploi d’instruments rares ou exotiques, ils recherchent alors un son « différent » et bricolent des maquettes à l’aide d’un magnétophone Revox et d’objets sonores divers : des dictionnaires remplacent la batterie, des verres de cristal emplis d’eau simulent les orgues, tandis que tout un arsenal de flûtes, guimbardes, appeaux ou sifflets, est utilisé pour évoquer un univers étrange et surréaliste. Une fois la mélodie et les axes sonores clairement définis, Gérard Gray écrit le très beau texte inspiré de visions subaquatiques et de mystères sous-marins.
La chanson est enregistrée à Lausanne pour le label suisse Évasion, avec les musiciens coutumiers des sessions du label. Si des instruments conventionnels sont utilisés, l’esprit de la maquette originale est mis en valeur par la prise de son de Stephan Sulke (alias Steff, chanteur allemand et producteur de nombreuses perles sixties méconnues).
Le grand méchant loup de François Faray revisite le conte de Charles Perrault à l’heure de la libération sexuelle, pour un résultat Glam-rock de haute volée. Étrangement, le chanteur disparaît des radars juste après cet unique 45 tours paru en 1973 sur le label Pathé.
Patrice Lamy né Jacques Desachy est un chanteur romantique lausannois. Il sort un premier 45 tours autoproduit en 1969 sous le nom de Patrice Leman, puis quatre singles au cours des années 70. Laisse-moi médire que je t’aime est la face B de son 3ème disque, un projet entièrement écrit, composé, arrangé et réalisé en 1974 par Pascal Dufar (ou Duffard selon les sources), à qui l’on doit une poignée de chansons de variétés et surtout l’album expérimental Dieu est fou de 1976.
Les musiciens présents sur Laisse-moi médire sont issus de formations pop à succès : Francis Moze de Magma à la basse, Mauricia Platon de Zao aux chœurs, Paul Stanissinopoulos et Demis Visvikis du groupe grec Axis à la batterie et aux claviers. Catherine Lara tient le violon électrique tandis que la pochette au style cosmique est signée Armande Altaï.
Après une courte carrière en dents de scie, Patrice Lamy est décédé en 1984 à l’âge de 35 ans d’une insolation.
KR Nagati
Crooner tunisien, K.R. Nagati se fait connaître à la fin des années 60 grâce à une reprise du titre franco-arabe Yasmina du chanteur albinos algérien Blond Blond. Son répertoire s’étend des adaptations arabes de hits occidentaux (Strangers in the night, Doctor Jivago ou Guantanamera… ) à la chanson traditionnelle et religieuse. Sidi Bou, dont le texte est chanté en français, en anglais, en allemand, en arabe et en italien, est un hommage à un amour de vacances et au village de Sidi Bou Saïd perché sur une falaise dominant Carthage et le Golfe de Tunis. De l’Orient à l’Orion, face B magnifique de Yasmina, est disponible sur la compilation Born Bad Mobilisation Générale.
Les Missiles
Les Missiles sont une bande de quatre copains de la ville d’Oran (Algérie). Ensemble, ils jouent tout d’abord sous le nom des Jupiter, des titres instrumentaux d’obédience Shadows avant que l’indépendance de l’Algérie ne les disperse sur le territoire français. Micky Segura, batteur et plus tard chanteur soliste, se retrouve à Port-Vendres à la frontière espagnole. Décidé à réunir le groupe, il part en mobylette retrouver Robert Suire (bassiste), installé à Aubagne. De là, ils filent dans le Jura où se trouve Bernard Algarra (guitare rythmique). Mais le dernier membre demeure introuvable et le trio décide de demander de l’aide aux reliques momifiées de Saint Claude, conservées dans la cathédrale de la ville éponyme. Dès le lendemain matin leur parvient une carte postale de leur ami Manu Gonzalez (guitare soliste), qui leur propose de le rejoindre à Saint-Raphaël où un appartement les attend, dit-il. Arrivés sur place, les trois compères s’aperçoivent que l’appartement n’est pas libre. Ils vivent alors plusieurs semaines dans la rue, puis décident de se rapprocher du centre névralgique du show-business français, Paris, élisant domicile à Aulnay-sous-Bois.
Une audition les attire à Boulogne-Billancourt où ils présentent leur répertoire instrumental, avant de déclarer qu’ils savent aussi chanter. Très intéressé, le directeur artistique demande une démonstration, après laquelle un contrat est signé avec la maison de disques Ducretet-Thomson. Les Jupiter sont alors rebaptisés Les Missiles, nom inspiré par le modèle de voiture d’un des directeurs artistiques.
Dès 1964, le succès est au rendez-vous avec Sacré Dollar (reprise de Green black dollar du Kingston Trio) mais aussi Maryline qui marche très fort en Belgique et en Suisse. S’ensuivront 3 ans de succès, de concerts et la parution de deux albums plus une douzaine de 45 tours. Le groupe tourne six mois avec Claude François et assure même les chœurs de l’idole en remplacement des Fléchettes. Quand deux membres des Missiles se marient en 1966, le groupe est dissous. Micky Segura devient alors doublure vocale et choriste de Claude François, auquel il restera fidèle jusqu’à la mort. Par ailleurs, il chante auprès de Nicoletta, Charles Aznavour, Gilbert Bécaud ou Gérard Lenormand, toujours en tant que choriste.
La (nouvelle) guerre de cent ans, jerk anti-beatnik, est issue du tout dernier EP du groupe, un disque qui se distingue de ses prédécesseurs par l’absence de reprise et une plus grande liberté artistique. Le groupe sonne alors presque garage, voire pré-psychédélique avec le titre contestataire Publicité rempli d’effets sonores.
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The Wizzz ! saga continues with a fresh selection of 60s and 70s rarities gathered from the unchartered nooks of the French-pop galaxy. Stars, underbosses and unknown artists rub shoulders on this tangy new compilation. Take off on a sonic journey through the starry night of the late sixties.
His repertoire, mostly traditional, fills the grooves of about twenty albums and some thirty singles. It holds a few surprising gems that bring together his eastern sensibility with the rhythms and harmonies of western rock: a handful of twists at the beginning of the sixties and more particularly the notable Je Suis Jaloux, sung in French and released on the label Philips in 1967. The track, recorded “as a matter of curiosity” according to the singer, is an outsider of the master’s discography. In an interview for the daily Aujourd’hui le Maroc in February 2017 he expressed his regrets for not pursuing a broader career in France: “One day I got to Paris and found people dancing to my song Je Suis Jaloux. Unfortunately I left Paris – that was a mistake. The company I was working with had offered great conditions but I am a child of the sun and the spring; I came across a cold period that lasted and led me to leave this city I still dream about”.
Today Abdelwahab Doukkali shares his time between singing and painting and lives in Casablanca.
The session, held at the CBE studio of Paris’ rue Championnet, tests the young singer’s nerves who out-does himself in a vocal performance of great intensity.
And yet, François Bernheim’s musical career had been flourishing for some time: as a youngster he had joined the Petits Chanteurs à la Croix de Bois, a choir for which he was made soloist at the age of 10. Without any formal musical background, he starts learning the guitar by himself at age 14 and, like many musicians of his generation, trains to the instrumentals of the Shadows or the Fantômes, then to the Beatles. He later evolves as a vocalist and songwriter with Roche-Martin along the Sanson sisters, Véronique and Violaine, met while they were singing on a beach. The band, produced by Michel Berger and Claude-Michel Schönberg, records two EP’s in 1967 for the label Odeon. Following the EP Tom,
Michel Handson signs this B-side with a touch of hip-hop in 1973 for the label Butterfly. The arrangements are the work of the Costa (authors of a dozen of singles between 1967 and 1987) and Gabriel Yared, a prolific movie score composer (Scout Toujours, 37°2 le Matin, L’Amant…). Before passing into oblivion, Michel Hanson records two more singles, of which L’Heure du slow traditionnel in 1978, languid slapstick track, kitsch and over the top, much appreciated by amateurs of the genre.“There’s no going out naked on the streets, Boeing!” This track from the Swede Matty Kemer’s only single, a tribute to freedom and aviation, was recorded for the label Disque d’Or. The lyrics weren’t the work of some unknown writer but of Ezra Bouskéla, member of the mythical Zorgones (from which hailed future members of Magma, like Zabu, and of Dynastie Crisis) and lyricist for Johnny Hallyday (Rendez-moi le soleil, Le monde entier va sauter, Dans ton univers) but also Herbert Léonard (L’oiseau d’argent). A real French-style beatnik, Ezra leaves for India regardless of his promising debut, leaving behind all of his musical projects, from which a collaboration with Jacques Lanzmann orchestrated by Lee Hallyday. His trip (by bus, and not by Boeing!) is the subject of the hectic autobiographical novel Shambo.
Gilles Janeyrand, piano and guitar player, witnesses two memorable stage acts in his early years: Jacques Brel’s farewell at the Olympia in 1964, then the Beatles at the Palais des Sports in 1965. It’s a revelation: coming out of the Beatle’s concert he decides he ought to become a singer. A few years later, a friend shows Gilles a classified ad published in France Soir: Robert Stigwood, producer for the Bee Gees, the Whos and Cream, is looking for French artists to showcase on his label, RSO. Gilles Janeyrand follows up on the ad and auditions at the Polydor studios, where he meets Claude Ebrard, head of RSO France. Gilles plays four songs at the guitar, from which Amour 2000 and Filles 2000, two tracks he composed for texts written by friends. Claude Ebrard chooses to record the two tracks with the arranger Jean-Claude Petit, and suggests adding flutes, in reference to Jacques Dutronc who had just released Il est cinq heures, Paris s’éveille. The track is recorded in 1969 at the Studio des Dames. Gilles remembers: “There were 25 musicians around me, and I thought it was perfectly normal! I was 18 and that’s the image I had of a career as a variété singer.” At the moment of the contract’s signature, Robert Stigwood sends a Jaguar and a photographer to pick Gilles up at this parent’s were he still lives. They’re taken to RSO’s headquarters, located near the Théâtre des Champs Élysées, and get off the car right as Jacques Brel comes out of the theatre, where he’s rehearsing his show L’Homme de la Mancha. Jacques Brel is familiar with the photographer and editor but doesn’t know Gilles yet, to whom he is introduced. Upon hearing Gilles is signing his first recording contract Jacques Brel utters a “Good luck” he’ll never forget.
Gilles leaves the choice of the A-side to the producers and Filles 2000 becomes the single’s B-side. Gilles promotes Amour 2000 on television, during a show hosted by Michel Drucker, who’ll invite him again repeatedly through the 70s. The record receives critical acclaim but the sales don’t follow.
In 1974, at the Ferber studios, an LP is recorded with the musicians of the singer Christophe. The record, produced by St Preux for Heloïse Music, benefits from a rather important production: the crew enjoys over a month in the studio, not always even working full-days, preferring to round them off in the closest bar. Gilles is given full artistic freedom: Saint Preux, who lives with leopards, spends his afternoons at the cinema rather than behind the mixer. The period is one of hedonism, and Gilles adopts a psychedelic lifestyle. Some of the album’s tracks evoke the spirit of the first single: Les martiens and La fleur magique (of which a short version exists, intended for a single that never came out, probably lost in Heloïse Music’s archive). Overall, the album is a nice assemblage in the flamboyant progressive style of the mid 70s.
Many more singles come out until the mid 80s, of which Je suis un passant, a minor success. But the big hit never comes and Gilles Janeyrand gradually turns to theatre, cinema and television. His name appears in the credits of Clara et les chics types (Jacques Monnet, 1981), La vie et rien d’autre (Bertrand Tavernier, 1989), J’accuse (Roman Polanski, 2019) as well as of another dozen of movies and TV series.
Albert-Henri Rykaert aka Alain Ricar was born in 1922 in Charleroi, Belgium. His father sold monkeys and, one day, exchanged a marmoset for a small accordion found in Berlin’s rubbles. He offered the instrument to his son. The latter first disregarded it, though it was to resurface in his life decades later.
Peddler, birthstone merchant, he tries to lead a “normal” life before embarking on an artistic career later on, at the end of the 50s. During his first stage appearance playing the part of a dark, handsome character, the crowd bursts out laughing; Ricar involuntarily discovers his comical potential, which he was to exploit throughout his career.
Comedian, singer, songwriter, he performs in cabarets or for the theatre, in Paris and in Belgium, then on RTB (Belgian TV). He namely appears in Les Aventures du Capitaine Long, a musical soap opera of his creation in which he plays the role of a lonesome singing sailor whose Camembert cheese-filled ship sank near a deserted island…
Following the rediscovery of his accordion while looking through the families’ attic, Alain Ricar creates a comical singing act, which he presents at memorable concerts (for the opening act of Serge Gainsbourg in 1964, then of Johnny Hallyday in 1966). Through the 60s, he records five singles, of which I like sex is the only incursion into pop music. Alain Ricar who once wrote: “I have no age and I don’t miss it much”, dies in 1998 at the age of 92.
A cigar in his right hand, a gun in the left, binoculars around his neck complete with a predatory smile, Paul Dupret captivates us with the debonair B-side of the one and only single he released for the label Vogue in 1970.
Richard Hertel was born in Paris in 1947. At age 7 he’s the Petits Chanteurs à la Croix de Bois choir’s solo singer; he then goes on to study percussions at the Conservatoire de Paris.
In 1966, he creates the Gottamou with Nino Ferrer and Bernard Estardy; they record two EPs at the CBE studio for the label Riviera. Meanwhile he plays for various French-variété stars: Nicoletta, Hugues Aufray, Claude François, Nino Ferrer.
Towards the end of the 60s, Richard Hertel (nicknamed Totoche in the musical world) releases a first single as a singer on the label Liberty, Patatras Hola, on which he also plays the drums and the organ. Perfect groove, amused lyrics, and atonal gimmick: the title track is a success but the record doesn’t sell much and quickly sinks into oblivion. He releases a second single for Liberty, the score for the film Chitty chitty bang bang by Richard Hertel and his orchestra. The record though is no more than a dull commission. Richard Hertel then becomes Patcho and releases two funk-infused singles on Atlantic in 1971 and 1972, produced by the avant-garde composer Igor Wakhévitch.
Close to the drummer Kenny Clark, he discovers the universe of Jazz which he integrates at the beginning of the 70s, playing the drums with the likes of Bill Coleman, Joe Newman, Eddie Lockjaw Davis, Guy Lafitte and many others.
In 1974, he settles down in the Gers (Southwestern France) and develops a passion for traditional Occitan music. He starts teaching percussions at the Conservatoire Occitan de Toulouse, and plays alongside the singers Martina e Rosina De Peira. Richard Hertel passed away in 2016.
In 1968, Michel Didier lands on the French scene with five simultaneous single releases on the label Fontana. From a mainly folk corpus emerges this flashy cover of Rainbow Chaser by the English band Nirvana, here renamed Comme un arc-en-ciel, orchestrated and soaked in trippy effects by Jean-Claude Vannier.
Vedette internationale, or the lament of an inmate frustrated not to be a star of show business, is the work of the mysterious Liberatore (nothing to do with the illustrator of graphic novel RanXerox). Probably of Belgian origin, the track was released on Vogue in 1969.
Alain Serco signs a frantic homage to his best friend Kiki, the B-side of his sole single, released on South Records at the beginning of the 70s.
Gérard Gray, fond of poetry, starts signing after discovering Charles Beaudelaire’s The Flowers of Evil (Les Fleurs du mal) through Léo Ferré. From the mid 60s he regularly sings in Parisian cabarets (l’Écluse, la Contrescarpe, Chez Georges, Villa d’Este, Chez Monique Morelli…) and shares the stage with a number of celebrities such as Alain Barrière, Pierre Perret, Antoine, Jacques Dutronc and Claude François.
Le Poisson vert, recorded in 1970, was created with his friend Frédéric Rochel, who first composes the music in a “nostalgic, ironic and joyful” spirit. The duo then undertakes a sound research inspired by François de Roubaix, with whom Gérard Gray and Frédéric Rochel had become friends. Sensitive to rare or exotic instruments, they search for a “different” sound and put together demos tinkering with a Revox tape deck and a variety of objects: dictionaries replace drums, water-filled crystalware simulate an organ while a whole array of flutes, jaw harps, decoys and whistles is used to create an uncanny, surrealist soundscape. With the melody and the themes clearly defined, Gérard Gray writes the beautiful lyrics inspired by underwater visions and submarine mysteries.
The song is recorded in Lausanne for the Swiss label Évasions, with the label’s usual musicians. Even though they use traditional instruments, the original demo’s atmosphere is brought forward by the sound recording of Stephan Sulke (aka Steff, German singer and producer of numerous unknown sixties gems).
! Manque l’annonce de la démo dans les bonus de la version téléchargeable !
Le grand méchant loup by François Faray revisits Charles Perrault’s tale at the time of the sexual liberation, yielding an ambitious glam-rock track. Oddly enough, the singer goes off the radar right after releasing this one and only single in 1973 on the label Pathé.
Patrice Lamy, born Jacques Desachy, is a romantic singer from Lausanne. He self releases a single in 1969 under the alias Patrice Leman, then four more through the 70s. Laisse-moi médire que je t’aime is the B-side of his third record, entirely written, composed, arranged and directed in 1974 by Pascal Dufar (or Duffard, depending on the sources) to whom we owe a handful of variété songs but mostly the 1976 experimental album Dieu est fou.
The musicians playing on Laisse-moi médire all hail from successful pop formations: Magma’s Francis Moze on the bass, Zao’s Mauricia Platon on backing vocals, Paul Stanissinopoulos and Demis Visvikis from the Greek band Avis on the drums and keyboards. Catherine Lara plays the electric violin while the cosmic-style cover is the work of Armande Altaï.
After a short, uneven career, Patrice Lamy dies of sunstroke at age 35 in 1984.
The Tunisian crooner K.R. Nagati becomes well known at the end of the 60s with a cover of the Franco-Arab track Yasmina, originally by the Algerian albino signer Blond Blond. His repertoire goes from Arabic adaptations of Western hits (Strangers in the night, Doctor Jivago, Guantanamera…) to traditional and religious songs. Sidi Bou, the lyrics of which are sung in French, English, German, Arabic and Italian, pays tribute to a summer romance and the town of Sidi Bou Saïd, perched on the cliffs overlooking Carthage and Gulf of Tunis. De l’Orient à l’Orion, Yasmina’s beautiful B-side, can be found on the Born Bad compilation Mobilisation Générale.
Les Missiles are a group of four buddies from the city of Oran (Algeria). Together they first play instrumental pieces inspired by The Shadows, as Jupiter, before scattering all over France after Algeria’s independence. Micky Segura, drummer and later solo singer, ends up in Port-Vendres, close to the Spanish border. Well intent on reuniting the band, he leaves on a moped to find Robert Suire (the bass player) who had settled in Aubagne (South). From there they head to Jura (East), home to Bernard Algarra (rhythm guitar). With the last member impossible to locate, the trio makes its way to seek help from the mummified relics of Saint Claude, in the town of the same name. The very next morning they receive a postcard from their friend Manu Gonzalez (solo guitar), who proposes they should meet in Saint-Raphaël, were an apartment is waiting for them, or so he says. Upon their arrival, the three companions realise the apartment is in fact inhabited. They spend many weeks on the street, and then decide to get closer to the heart of French show business, Paris, and settle in Aulnay-sous-Bois (North-East suburbs). An audition takes them to Boulogne-Billancourt, were they perform their instrumental repertoire, before adding they can sing, too. The artistic director keenly asks for a demonstration, following which they sign a contract with the label Ducretet-Thomson. The name Jupiter is changed to Les Missiles, in reference to one of the directors’ car model.
In 1964 they become famous with Sacré Dollar (a cover of the Kingston Trio’s Green black dollar) but also Maryline, a great success in Belgium and Switzerland. Three years of fame and concerts ensue, along with the release of two albums and over a dozen of singles. For six months the band tours with Claude François and even replace the Fléchettes on the backing vocals for the idol’s concert. Two members of the Missiles get married in 1966, and the band dissolves. Micky Segura sings as second voice and backing vocalist for Claude François, to whom he remains loyal until his death. He also sings along the likes of Nicoletta, Charles Aznavour, Gilbert Bécaud and Gérard Lenormand, as backing vocalist. La (nouvelle) guerre de cent ans, anti-beatnik jerk, comes from the band’s very last EP, which differs from the previous releases in that it features no covers and shows greater artistic freedom. The band’s sound veers towards garage, or even pre-psychedelic music, with the dissenting Publicité, filled with sound effects.
crédits
Curated by Barnabé Mons & Jb Guillot
Liner notes by Barnabé Mons
Cover by Rock
Remerciements Wizzz ! Volume 4 :
François Bernheim, Ezra Bouskela, Gilles Janeyrand, Micky Segura, Julie Hertel, Serge Goffin, Alex et Julien de Besides Records, Sophie Thibaud, Topper Harley, Damien Faurois, Valentin Rolin, Colas Keith, KR Nagati.