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artist : ZOMBIE ZOMBIE

Release date : March 7, 2025
genres : KRAUTROCK / SPACE DISCO / ELECTRONIC
format : CD/ LP/ DIGITAL
reference : BB184

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ZOMBIE ZOMBIE – Funk Kraut

ENGLISH TEXT BELOW

Si il fallait créer des subdivisions dans nos playlists, il y aurait une sous-catégorie « joue-moi ce vieux truc ». Les morceaux de confort, qui ne tentent pas de réinventer la roue, mais tournent sur les platines sans qu’on ait besoin de les pousser. Funk Kraut, second LP de Zombie Zombie chez Born Bad, est de cette trempe. Le trio signe un classique homogène, bel exemple du style qu’ils incarnent depuis une petite dizaine d’albums : une musique instrumentale jouée live, artisanalement, avec des synthés et des percussions. Le disque démarre avec « No cruise control », grosse berline qui bouffe du temps sans effort, à 120 BPM sur l’Autobahn. Ce track illustre bien le projet annoncé : ça kraute comme on aime, et pour ce qui est du funk, on est pas chez Bootsy Collins, mais y’a comme une odeur. Les patterns de synthé structurent l’espace pour que ça avance droit et fluide. La suspension est de qualité, c’est le combo Cosmic Neman / Dr Schönberg qui s’en charge. Ils se permettent un détour par Darmstadt pour prendre en stop des saillies de musique concrète : petits gazouillis d’oiseaux mécaniques, et par-ci par-là, un cluster atonal au piano, ristretto dodéca bienvenu pour réveiller l’auditeur.

Plaisir d’offrir : les nerds apprécieront la liste du matos détaillée dans les liner notes, et constateront qu’il faut pas moins d’une vingtaine de synthés pour produire ce son. Enregistré dans les Landes par Laurent Deboisgisson dans le studio du chanteur de Cheveu, c’est un disque fait rapidement, lisible et ouvert, qui s’éloigne de leur précédent album-concept. On appréciera la finesse du mix de Krikor Kouchian : la batterie a été resamplée avec une certaine retenue, et le mariage du kick de LinnDrum au kit acoustique allège l’ensemble. Ca marque une évolution notable dans le son du groupe, et ajoute une dynamique bienvenue. La pochette, dessinée par Dddixie, annonce la couleur avec son sticker « Motorik Vibes & Stereo Grooves ». Motorik, absolument, ça déroule au kilomètre; et pour ce qui est de groover en stéréo, l’image sonore est large comme les canyons de Mars.

Etienne Jaumet avance prudemment d’album en album : une note à la fois. Mais avec « Densité », on vient de franchir un cap polyphonique : y’a carrément des accords. De longs pads suspendus, percés par les claps. On approche le point Godwin de la musique, le public pourrait se mettre à taper dans les mains en rythme. Le groupe montre qu’il maitrise aussi des formats plus courts et plus pop. On retrouve la même ambiance dans « Jungle the Jungle », saudade tonique paradoxale, mineure et entrainante à la fois, dont le break à lui seul mérite d’être étiré en longueur à la main, avis aux DJ.

Quelques petits riffs de cuivres également dans « Hélix », qui prend son envol sur un synthé façon guimbarde du futur, et se promène d’une enceinte à l’autre pour annoncer le fracas de batterie syncopée qui déboule. Zombie Zombie est prêt pour composer du générique de série TV de niche : on aimerait être l’enfant qui sèchera le judo pour mater le héros qui redresse les torts une fois par semaine sur ce son.

« Aurillac Accident », mention honorable au concours régional de titres, n’est pas un hommage à la délinquance routière des néoruraux, mais documente un soundcheck auvergnat hasardeux, qui une fois passé par la case studio, est devenu une ballade mélancolique. Elle se dissout sauce dub, encore un coup de Krikor.

En concert, les batteurs se font face de part et d’autre de la scène, et c’est toujours un kif qualité rif oriental de les voir produire l’entrelacs très fin qui fait le son de la formation. Chacun s’active entre batterie, percussions et petits synthés west coast. Cet aspect du travail du groupe s’entend particulièrement dans « Snare Attack » ou « Double Z », avec son jogging sur les charleys, et ces petit motifs de toy piano flippants. Le cardio monte haut dans « Dodorian » morceau parfait pour faire du vélo d’appartement sous amphètes, avec son énorme riff au filtre mobile, ses arpèges quasi disco, et ses éclaircies de cuivres synthétiques. « Magnavox Odyssey », truffade de synthés nostalgique mais sautillante, clôt avec majesté cet album qui reprend là ou il l’avait laissé le chemin du groupe : fini les chants en latin, retour aux sources, allez, joue-moi ce vieux truc.

Halory Goerger

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Some record crates deserve a sub-category called ‘’play it again, Sam’’. Casablanca-level comfort tracks that spin on the turntables without a push. Funk Kraut, Zombie Zombie’s second LP on Born Bad, is of this kind. This well-proportioned classic is a fine example of the style the trio has been embodying : instrumental music played live, for synths and drums. The album kicks off with ‘No cruise control’, a big bad sedan that effortlessly eats up the distance at 120 BPM. Kraut as can be, with a twist. And as far as funk goes, it’s not Bootsy Collins, but there’s a whiff. Space is structured by synth patterns, for optimized drumming : forward, straight and fluid, top-notch suspension (Cosmic Neman / Dr Schönberg take care of business on drums). They treat themselves to a diversion via Darmstadt to take some musique concrete on board : mechanical birds chirp, the odd atonal piano here and there. Nerds will appreciate liner notes detailing the equipment used : about twenty synths and they still describe it as minimal.

This was a quick affair, recorded by Laurent Deboisgisson in the studio of Cheveu’s singer. A pretty straightforward job, and a far cry from their previous concept album. Let us praise Krikor Kouchian’s mix: drums have been resampled with some restraint, and that LinnDrum kick lightens up the overall mix. It marks a notable evolution in the band’s sound, and adds some dynamic. The cover, designed by Dddixie, sets the tone with its ‘Motorik Vibes & Stereo Grooves’ sticker. Motorik, absolutely, it’s autobahn time for 45mn. And when it comes to stereo grooving, the acoustic image is as wide as the canyons of Mars.

Etienne Jaumet moves cautiously forward, one note at a time, album by album. But with ‘Densité’, we’ve just passed a polyphonic milestone: outright chords ! Long, suspended pads, pierced only by fat claps. Clapping hands are not far off. The band shows it has mastered concise pop formats. That same vibe can be found in ‘Jungle the Jungle’, paradoxical tune, catchy and moody at once. The break alone deserves to be extended , DJs beware.

You’ll get some brass riffs in ‘Helix’, which takes off on a synth moving from one speaker to another to herald the crash of syncopated drums to come. Zombie Zombie sounds ready to write themes for niche TV series: we’d love to be the kid who skips training to watch heroes righting wrongs once a week on that sound. ‘Aurillac Accident’ documents a haphazard soundcheck which, once in the studio, became a bitter ballad, breaking apart into dubby gravy.

Live, the two drummers face each other, and it’s always a treat to witness the very fine intertwining that makes the band’s signature sound : rich drums, percussion and West Coast synths stabs. This aspect of their work appear in ‘Snare Attack’ and ‘Double Z’, with its jogging hi-hats and creepy little toy piano motifs. Cardio levels are high on ‘Dodorian’, perfect track for depraved spinning classes, with its moving filter, disco arpeggios and flashes of synthetic brass. ‘Magnavox Odyssey’, a nostalgic but bouncy synth lasagna, brings this album to a majestic close, picking up where the band left off: no more singing in latin, back to basics, play it again Sam.

Halory Goerger

Photos: Pauline Gouablin